Fournier, Szell et les Berliner entrent dans une transe habitée et nous y embarquent.
Les enregistrements de ce viatique pour violoncelle et orchestre font toujours florès, mais Pierre Fournier, plus que tout autre, s’est emparé de cette œuvre de la période américaine de Dvorák avec un supplément d’âme qui reste inégalé. La communion de pensée entretenue avec George Szell participe pour une large part à la réussite de cette version discographique réalisée en 1961 pour DGG. L’Orchestre philharmonique de Berlin à son acmé répond, sous la conduite d’un chef vif-argent au sens rythmique roboratif, à la noblesse de jeu d’un soliste qui réinvente sans cesse la partition. Outre une aisance d’archet légendaire, transparaissent un sens narratif (Allegro introductif ), une élégance de ton, un sentiment rhapsodique habités à la fois par la tradition slave (Allegro moderato final) et la perfection classique quintessenciée.
À la nostalgie, au mystère élégiaque et à la générosité (Adagio ma non troppo) répond un engagement de tous les instants. La sonorité puissante et envoûtante du violoncelle entre en résonance avec la vibration des musiciens berlinois pleinement accordés à l’émotion intime et fervente de cette lecture miraculeuse d’une humanité à fleur de peau.

DVORÁK
Concerto n° 2
pour violoncelle
Pierre Fournier,
Orchestre philharmonique
de Berlin, dir. George Szell
DG, 1961