Avec ce Don Carlos, Marc Minkowski achève au Grand Théâtre de Genève une trilogie consacrée au grand opéra à la française, inaugurée avec Les Huguenots et poursuivie avec La Juive.

Don Carlos au Grand Théâtre de Genève ©© Magali Dougados

Don Carlos au Grand Théâtre de Genève © Magali Dougados

Un Verdi parisien évidemment donné en version originale, avec son ballet en partie rétabli, et mené tambour battant par le chef. À la mise en scène, Lydia Steier transpose l’action dans un état cumulant toutes les caractéristiques des régimes totalitaires du XXe siècle : costumes Mao, propagande à la Big Brother, mises sur écoute et purges régulières. Elisabeth et Carlos se rencontrent sous les pieds d’un social-traître pendu au-dessus du plateau, l’autodafé a pour cadre un gibet, y compris pour les députés flamands, et c’est aussi la corde au cou que finissent l’Infant et la reine, celle-ci ayant failli accoucher dans la prison envahie par les insurgés.

Heureusement, la soirée est plus enthousiasmante sur le plan musical. L’orchestre de la Suisse romande et le chœur maison se montrent tout à fait convaincants, les solistes ne l’étant pas moins. Après Valentine en 2020, Rachel Willis Sørensen confirme son adéquation à ce répertoire. Une fois encore, Ève-Maud Hubeaux ne fait qu’une bouchée d’Eboli. Même si on le sent parfois à la limite de ses moyens, Charles Castronovo emporte l’adhésion par l’ardeur de son jeu. Dmitry Ulyanov est un Philippe II bien moins grisonnant que d’ordinaire, de physique comme de voix. Posa exemplaire, Stéphane Degout est peut-être le plus applaudi des cinq.

Pour plus d’informations

Grand Théâtre de Genève, le 15 septembre.

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