Grand spécialiste de Wilhelm Furtwängler, le musicologue Sami Habra est décédé à Versailles le 4 juillet 2023 à l’âge de 87 ans.
Né à Haïfa en Palestine en 1935, sujet britannique installé ensuite en France, il est l’un des cofondateurs de la Société Wilhelm Furtwängler française (SWF) pour laquelle il anima des centaines de conférences (avec cette touche d’humour qui caractérisait aussi le personnage !) et pour laquelle il supervisa des rééditions soignées de documents parfois laissés dans leur jus par les labels « officiels ». Ces dernières années, il se sera notamment consacré à une restauration méticuleuse du Ring dirigé par Furtwängler à la Scala en 1950, disponible à l’achat sur le site de la SWF. Il apporta par ailleurs sa contribution en tant que conseiller artistique et auteur de notices remarquables au label Tahra, fondé par son amie Myriam Scherchen. Le coffret Tahra regroupant les trois Neuvième de Beethoven mythiques de Furtwängler (Berlin, Bayreuth et Lucerne) accompagné d’une analyse comparative aussi succincte que brillante est devenu un objet très prisé des collectionneurs (Tahra, FURT 1101-1104).

Un érudit passionné et passionnant
Loin de se limiter à l’art du dieu Furtwängler dont il connaissait les interprétations dans les moindres détails, Sami Habra s’intéressa à de nombreux artistes qu’ils soient chefs d’orchestre, y compris le « rival » Toscanini, ou encore pianistes (il plaçait Friedrich Wührer au-delà de tout autre). À la fin des années 1960, il se lia d’amitié avec Hans Schmidt-Isserstedt qu’il vénérait depuis qu’il avait entendu son interprétation inégalée de la Deuxième Symphonie de Sibelius et se montrait intarissable sitôt qu’il évoquait cet immense chef allemand encore méconnu en France. Son érudition ne s’arrêtait évidemment pas à la musique : il fallait le voir retracer sourire aux lèvres des scènes entières des films de Billy Wilder ou encore des comédies de Danny Kaye ! Mais ce mélomane à l’oreille virtuose manquera à tous ceux qui eurent la chance de le côtoyer et de discuter « interprétation » avec lui. Il retrouve aujourd’hui ses chers Furtwängler, Schimdt-Isserstedt, Abendroth, Scherchen, Knappertsbusch… Les débats, là-haut, promettent d’être passionnés !
Pour en savoir plus : consulter le site internet de la Société Wilhelm Furtwängler française.