Allait-il pleuvoir dans la soirée ? Fallait-il alors abandonner la cour des Hospices pour se replier en la basilique Notre-Dame ? Comment réorganiser la billetterie, réagencer le plateau, redistribuer les pupitres des musiciens et gérer les mécontents ? Ces questions, et tant d’autres, Kader Hassissi devait y répondre tous les week-ends de juillet durant lesquels le festival d’opéra baroque s’installe à Beaune. On croisait souvent sa fine silhouette au détour d’une rue, le pas décidé et la tête en ébullition, toujours à s’assurer que les conditions étaient réunies pour le bon déroulement du concert. Sans ce capitaine aux cent yeux d’Argus le vaisseau ne pouvait parvenir à bon port.
Le festival d’opéra baroque et désormais romantique, qui a fêté cet été sa quarantième édition, sera désormais privé de son indispensable concours. Une crise cardiaque foudroyante a en effet emporté ce gestionnaire zélé qui partageait la conduite de l’entreprise avec Anne Blanchard, la directrice artistique et son épouse. A eux deux, ils ont mené une aventure musicale sans équivalent en France qui, des pionniers tels René Jacobs et William Christie aux jeunes artistes d’aujourd’hui, a toujours su présenter les interprètes les plus inspirés et faire découvrir un répertoire de plus en plus large (une trentaine de titres de Haendel, des Rossini oubliés) et souvent méconnu tels Les Amazones des îles fortunées de Pallavicino cette année en recréation française.

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Alors, oui, il va pleuvoir, et pour longtemps, dans nos cœurs. Mais y brillera aussi le soleil du sourire et de l’humour ravageur de Kader Hassissi.