La qualité suprême de l’instrument est ici magnifiée par l’art de son titulaire, Matthieu de Miguel, dont la souplesse de jeu subjugue.
Quel bonheur de retrouver au disque l’orgue Puget de la Dalbade, sans conteste l’un des plus beaux instruments de France ! Quel plaisir de l’entendre, de surcroît, sous les doigts de son brillant mais trop discret titulaire, Matthieu de Miguel ! Les mérites de l’instrument sont connus et les amateurs auront déjà goûté, avec les transcriptions d’Yves Rechsteiner, le moelleux de ses fonds, la ciselure de ses gambes, la poésie de ses détails et la puissante clarté de son tutti. Aussi louerons-nous l’interprète. S’éloignant des sentiers battus, celui-ci s’est donné pour mission de faire redécouvrir des beautés cachées du répertoire symphonique dans un propos cohérent exhalant l’inspiration grégorienne qui, depuis Widor, nourrit les compositeurs organistes de la première moitié du XXe siècle. Si les œuvres de Dupré, Duruflé, Alain et Messiaen figurent très haut sur les affiches de concert, on regrettera, à l’écoute de ce disque, qu’il n’en soit pas de même pour nombre de leurs contemporains. Aussi saurons-nous gré à Matthieu de Miguel de nous faire sentir la fraîcheur juvénile de Langlais, dont les Poèmes évangéliques sonnent comme une nouvelle Symphonie-Passion, la poésie d’un Grünenwald, dont les fresques valent bien des extraits de la Nativité du Seigneur, ou encore la fougueuse virtuosité d’un Fleury, dont le Finale de la Seconde Symphonie rivalise avec la Toccata de Duruflé. Pour faire ressortir la grandeur de telles pages, une réelle aisance est nécessaire. Matthieu de Miguel fait preuve d’une virtuosité calme qui lui permet de franchir, dans la plus grande souplesse, les chausse-trappes de son programme. Il faut aussi un goût, une distinction et une sensibilité bien ancrée pour trouver cet équilibre de musicalité et de pudeur que cette musique requiert. Ce sont ces qualités que l’on retrouve ici, qui impriment sa conduite orchestrale tranchante au Finale de la 7e de Widor, sa candide naïveté à La Nativité de Langlais, sa noblesse à la Fantaisie Choral de Tournemire sans pour autant oblitérer l’animalité du Finale de Fleury ou le mystère des Divins espoirs. Un magnifique témoignage d’une rare littérature.

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Gregorian
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Œuvres de Widor,
Tournemire, Langlais,
Fleury et Grünenwald
Matthieu de Miguel (orgue)
Priory Records PRCD1210.
2018. 1h 10