On attendait beaucoup à Salzbourg de cette rencontre entre Jakub Hrůša, le Gustav Mahler Jugendorchester, et l’univers mahlérien…

Jakub Hrůša, Gustav Mahler Jugendorchester, Salzbourg 2023 © SF/Marco Borrelli

Jakub Hrůša, Gustav Mahler Jugendorchester, Salzbourg 2023 © SF/Marco Borrelli

On a assez fêté en ces pages l’an dernier l’inspirante direction de Jakub Hrůša dans Kat’a Kabanova en ce même lieu pour oser écrire que son appropriation de l’ultime symphonie de Gustav Mahler a déçu. On peut être l’interprète révélateur de la Symphonie de Rott au disque (Deutsche Grammophon), l’un des maîtres actuels de l’univers de Janáček à Glyndebourne, au Covent Garden, dont il prendra en 2025 la direction musicale, à Vienne et ici même, et offrir une lecture sonore splendide du dernier Mahler, sans paraître entrer un instant dans son contenu pourtant si prenant, si décanté.

Jakub Hrůša, Gustav Mahler Jugendorchester, Salzbourg 2023 © SF/Marco Borrelli

Jakub Hrůša, Gustav Mahler Jugendorchester, Salzbourg 2023 © SF/Marco Borrelli

Accès au monde intérieur du compositeur refusé

On attendait beaucoup de cette rencontre entre le Gustav Mahler Jugendorchester, le chef tchèque qui monte irrésistiblement, et l’univers mahlérien le plus pénétré, aux derniers moments duquel s’applique si bien la formule « ce que la Mort m’a dit ». Si la rencontre a eu lieu, incontestablement, c’est sur le plan technique : orchestre splendide, son magnifique, viennois, et très moderne à la fois, mise en forme parfaite des oscillations de l’Andante initial, rythmiques impeccables du Ländler, montée inquiète, interrogative, conquérante pourtant et parfaitement menée du Rondo Burlesque, et conclusion en forme de dévastation sonore jusqu’au silence absolu de l’Adagio final. Mais pas un instant le ressenti, le contenu ne s’impose : accès au monde intérieur du compositeur refusé. Le premier mouvement n’est qu’extériorité sonore, au second, de toute façon irrésistible, le rythme peut suffire, et il est ici d’une précision d’horloge atomique, le troisième est démonstratif aussi, mais comme d’un savoir faire seulement, le dernier est d’une objectivité froide, évacuant tout de cette tendresse caressante, rassurante de ce qui vient et répond à tout, en vous prenant la main.

Le chef revient en concert avec l’Orchestre philharmonique de Vienne la semaine prochaine, dans un programme Brahms et Dvořák, (même rencontre le 14 septembre à Paris, au Théâtre des Champs-Élysées), pour montrer, qui sait, une autre façon d’entrer dans les œuvres.

Pour plus d’informations

Salzbourg, Manège des rochers, le 20 août

www.salzburgerfestspiele.at