Cet enregistrement comble une lacune discographique et confirme l’apport décisif de Rore, « emblème de la plus haute excellence » (D’India), à l’histoire de la musique. Considéré à la fois comme fidèle de la tradition et pionnier du renouveau, le maître franco-flamand offre en effet un exemple marquant de la structuration progressive de la musique, à partir du milieu du XVIe siècle, comme un art de la parole. L’interprétation du Weser-Renaissance se montre remarquable, car elle éclaire cette double orientation et fait entendre l’expressivité du texte et la facture savante du langage harmonique. C’est notamment le cas des motets Plange quasi virgo et Sub tuum praesidium, où le traitement des dissonances et la ligne mélodique des voix graves montrent comment le contrepoint et l’harmonie sont tantôt le corps, tantôt l’habit du dispositif sonore.

Cette croisée de l’ancien et du moderne se perçoit dans les motets Pater noster et Labore primus Hercules, ce dernier étant un hommage au duc Hercule II d’Este, également dédicataire de la Messe « Vivat Felix Hercules », œuvre dont l’importance historique est à relier au faste musical de la cour de Ferrare, l’une des plus mélomanes de l’Europe de la Renaissance. Ce disque très réussi contribue activement à la (re)découverte de la musique de celui que Monteverdi qualifiait de « divin Cyprien de Rore ».

Missa « Vivat Felix Hercules ».
Motets

Weser-Renaissance,
dir. Manfred Cordes

CPO 7779892. 2019. 1h09