C’était l’une des plus grandes artistes lyriques du siècle, la mezzo-soprano Christa Ludwig est décédée samedi 24 avril à l’âge de 93 ans. En 2008, Classica la rencontrait chez elle à Vienne, à l’occasion de ses 80 ans. Voici quelques extraits de l’entretien :

« Une mezzo chante avec plus d’intelligibilité les lieder et les mélodies qu’une soprano. Si, à l’opéra, j’ai voulu chanter des rôles soprano, c’est par goût du défi et des obstacles. Alterner Cherubino, Oktavian et Dorabella, c’était facile mais ennuyeux. »

« Je n’aimais pas trop répéter, mais certains chefs ne l’entendaient pas de cette oreille. Une fois, j’ai dû répéter avec Solti pendant trois heures les cris de Kundry dans Parsifal : une fois trop haut, une autre pas assez sauvage, une autre encore trop bas […] – une imperfection instrumentale lui faisait tout refaire. Cinq, six prises, et, au final, il choisissait la première ! »

« Ce que dit la Maréchale dans son monologue du premier acte – « Je sens jusqu’au fond du cœur que l’on ne doit rien garder, que l’on ne peut rien saisir, que tout nous coule entre les doigts… » Prendre, tenir, et laisser aller… – est d’une sagesse extraordinaire. Je vis chaque jour avec ça. »

Crédit photo : Franz Johann Morgenbesser