Lyrique mais toujours clair et équilibré, le jeu de Seong-Jin Cho est irrésistible.
Ce programme, qui fait naturellement suite à un disque réunissant le Concerto pour piano no 1, également avec l’Orchestre symphonique de Londres dirigé par Gianandrea Noseda, et les quatre Ballades (Deutsche Grammophon, 2015), et déjà accueilli par un CHOC (Classica no 189), vient rappeler l’intelligence avec laquelle le jeune pianiste coréen, premier prix du Concours Chopin en 2015, comprend et entend cette musique. Son jeu cantabile et délié, à la virtuosité phénoménale, son piano parfumé et élégant, ranime l’âme d’un Chopin des temps anciens.
Comme Rubinstein, Seong-Jin Cho préfère la lumière aux gouffres d’une Argerich, laissant la poésie guider la fantaisie et apprivoisant la folie pour mieux souligner la noblesse du chant. Dans le Scherzo no 2 soufflent ainsi bravoure et lyrisme sans jamais brouiller la ligne du discours. Les sombres interrogations de l’ouverture refusent le spectaculaire d’un Yundi Li (Deutsche Grammophon, 2004) ou l’impétuosité d’un Samson François (Warner, 1955). C’est que le pianiste, du haut de ses 27 ans, sait défendre cette clarté et cet équilibre que Saint-Saëns admirait tant chez Chopin, sans atténuer la vitalité irrésistible qui se montre aussi éblouissante dans le Scherzo no 4 que le souvenir haletant que nous avons d’Evgeny Kissin (RCA-Sony, 1998).
Seong-Jin Cho dispose d’une large palette instrumentale, des timbres de cloches dans l’aigu à la densité de ses basses, pour offrir des cascades de perles et des mètres de dentelle. Rien n’est pourtant superflu dans ce style, ce que démontre un Concerto no 2 marqué par une complicité manifeste avec Gian andrea Noseda. La pudeur admirable du pianiste ne bride jamais les envolées lyriques du Larghetto ni le rythme dansé du finale, même si el l e s’éloigne, dans le Scherzo no 1, de la sauvagerie cauchemardesque d’Ivo Pogorelich (Deutsche Grammophon, 1995).

Frédéric Chopin (1810-1849)
Concerto pour piano no 2. Les 4 Scherzos
Seong-Jin Cho (piano),
Orchestre symphonique de Londres,
dir. Gianandrea Noseda
Deutsche Grammophon 486 0435. 2021. 1 h 08