La mise en scène millimétrée de Laurent Pelly, la direction généreuse et dynamique de Marc Minkowski et une distribution de très haut vol garantissent le triomphe d’un spectacle à la fois lucide et drôle.

La Périchole de Laurent Pelly, souligne l’aspect plutôt glauque de cette histoire de chanteuse des rues forcée à se prostituer (presque) pour manger à sa faim, tandis que la populace se satisfait de plaisirs simples et que les grands de ce monde mettent en branle tous les ressorts classiques de la plus cynique tyrannie. On rit pourtant, et même beaucoup car, fidèle à une formule bien rodée, Laurent Pelly réalise un travail scénique d’une précision d’horloger suisse, en calant le moindre geste, le moindre mouvement de foule sur la musique. Les dialogues parlés ont été resserrés et discrètement actualisés par Agathe Mélinand, et comme toujours, Marc Minkowski, à la tête des Musiciens du Louvre et des Chœurs de l’Opéra de Bordeaux, sait trouver le swing offenbachien : ça pulse, ça brille et ça s’attendrit à l’occasion. La distribution est de haut vol, avec Marina Viotti en Périchole, belle et subtile voix, actrice dynamique qui impose une présence théâtrale formidable, Stanislas de Barbeyrac, grande voix dont on connaissait mal l’agilité et le talent comique et Laurent Naouri, vocalement royal, qui aura incarné tant de potentats et qui fait preuve d’un humour parfait. Avec cela, trois cousines étonnantes de virtuosité (Chloé Briot, Alix Le Saux et Éléonore Pancrazi), et les deux nobles péruviens (Lionel Lhote et Rodolphe Briand) vocalement solides. Vingt-cinq ans après le légendaire Orphée aux Enfers lyonnais, le trio Pelly-Mélinand-Minkowski fait encore mouche. On ne change pas une équipe qui gagne.

Paris, Théâtre des Champs-Elysées, le 23 novembre

Crédit photo : Vincent Pontet

Crédit photos : Vincent Pontet