Le chef de l’Orchestre national de Cannes nous entraîne au cœur d’opérettes déjantées pour une promenade sur la Croisette dans l’insouciance et la joie de vivre des Années folles.

Dès la fin de la Guerre, ça n’a pas tardé. Avec la création de Phi-Phi de Christiné, le 12 novembre 1918, une sorte de nouveau genre voyait le jour, l’opérette légère, bientôt suivie de formes diverses de comédies musicales, bien distinctes du musical US. Déluré, mi-grivois mi-chic, avec des allusions franchement érotiques. Une nouvelle génération de compositeurs et de librettistes venus d’horizons divers et même quelques anciens (Messager, Hahn) s’y essayèrent aussi avec succès. Le milieu musical cria souvent à la décadence (par rapport à l’âge d’or d’Offenbach, Lecocq et du premier Messager). Il est vrai que les orchestres étaient réduits, les airs souvent proches de la chanson, et que cette nouvelle musique faisait bon accueil aux rythmes nouveaux venus d’Amérique, en leur donnant un tour français.

Pour Benjamin Levy, ce répertoire est une vieille connaissance : « J’avais travaillé avec la compagnie Les Brigands et j’avais déjà dirigé dans ce cadre des opérettes comme Toi, c’est moi ou Ta Bouche. » En 2019, alors qu’il était depuis trois ans à la tête de l’Orchestre national de Cannes, il dirigea un concert au Majestic, l’un des palaces de la Croisette, avec la soprano Pauline Sabatier. Ils comprirent que cette musique collait parfaitement au patrimoine culturel de la station, dont la renommée internationale explosait précisément au cours de ces années « folles ». D’où l’idée d’un CD anthologique (Warner Classics) reprenant des pages connues ou non, vocales ou orchestrales de ce riche répertoire festif et souvent déjanté : Phi-Phi, Dédé, Passionnément, Pas sur la bouche, Ta bouche, Gosse de riche, Toi c’est moi, Trois jeunes filles nues qui permettra de modifier le regard du public sur une forme de musique légère parfois mal considérée : « Certaines musiques supportent une interprétation approximative. D’autres non, c’est le cas ici. Or, trop souvent ces opérettes ont été données de façon négligée, voire vulgaire, et ça ne pardonne pas. » Ici, l’équipe vocale est de haut niveau et réunit Patricia Petibon, Amel Brahim-Djelloul, Marion Tassou, Pauline Sabatier, Rémy Mathieu, Philippe Talbot, Guillaume Andrieux et Laurent Naouri.

 Actualité

Concert le 8 octobre

Théâtre du Châtelet — Paris

Vient de paraître

« Croisette. Opérettes des Années folles » — Warner Classics

Le 8 octobre prochain, on pourra entendre en direct ce programme lors d’un concert donné au Théâtre du Châtelet.

Ce sera l’occasion de découvrir un orchestre récemment labellisé « national » dont la saison cannoise est aussi exemplaire que riche, mêlant en diverses formules les grands concerts classiques et des initiatives originales comme ce concert déguisé d’Halloween (dresscode citrouille et chapeau de sorcière) mais aussi un cycle « Le Bel Aujourd’hui » présentant quelques grands noms de la musique contemporaine (Michaël Levinas, Gilbert Amy, György Ligeti, Edith Canat de Chizy), des « Baby concerts », des concerts « Une œuvre une heure », des concerts apéritifs, des ciné-concerts et une soirée Piaf avec Isabelle Boulay. Le tout en divers lieux de l’agglomération cannoise