Julien Ostini et Diego Fasolis se sont entendus pour dresser un remarquable temple au chef-d’œuvre de Gluck. On adore !

Rescapée d’entre deux confinements, cette production d’Iphigénie en Tauride a triomphé de l’adversité. Décors d’une sobriété qui n’interdit pas l’inventivité : un temple de Diane occupé par des monolithes, un grand anneau doré en guise de symbole et déplacé au gré des événements, un sol rouge sang signifiant la terreur entretenue par les Scythes sur les esclaves grecs. Des ténèbres à la lumière, l’opéra de Gluck atteint son acmé dans la malédiction de la rencontre entre Oreste et Iphigénie judicieusement mise en
scène par Julien Ostini qui signe là une réalisation fidèle au mythe y compris dans les costumes des prêtresses. Le spectacle doit beaucoup à l’urgence qu’entretient Diego Fasolis avec un Orchestre national des Pays de la Loire concentré par le désir de retrouver les ingrédients de l’interprétation baroque. Distribution investie d’où se détache l’Iphigénie de Marie-Adeline Henry, voix généreuse aux limites de la cassure mais présence théâtrale foudroyante. L’Oreste de Charles Rice, diction parfaite et incarnation puissante, voisine avec le Pylade très stylé de Sébastien Droy, le tourmenté Thoas de Jean-Luc Ballestra ou la pudique Diane d’Élodie Hache.

Crédit photo : Jean-Marie JAGU