Gergely Madaras mène magistralement ce concerto si fréquenté, en valorisant un orchestre qui révèle superbement ses ressources. Ses fastes et ses excellents solos (cor, flûte, clarinette) rappellent que cette œuvre, comme les concertos de Brahms, cache en réalité une symphonie avec soliste. Les crescendos et decrescendos se montrent bien dosés et pertinents, et les tuttis, sans être fracassants, restent solides et fleurent bon la santé exubérante et naturelle de l’Europe centrale.

Un tel écrin orchestral ne pouvait qu’entourer un violoncelliste d’une musicalité merveilleuse, à la sonorité chaleureuse, et qui sait aussi se rendre translucide quand sa partie est purement accompagnatrice et que les bois détiennent le thème. La symbiose de Victor Julien-Laferrière avec l’orchestre fait  triompher l’expressivité.

Martinu a écrit une trentaine de concertos, dont trois pour violoncelle. Ce n°1, écrit et remanié de 1930 à 1955, dédié à Pierre Fournier, garde le plan traditionnel vif-lent-vif avec des mouvements de forme libre. Les soliloques du violoncelle alternent avec des plages instrumentales très brillantes ou, au contraire, assourdies et élégiaques, comme dans le deuxième mouvement : le style demeure classico-moderne, tonal élargi, avec dans le finale des références rythmiques au folklore. Une version à placer au côté de celle d’Angelica May et Václav Neumann (Supraphon, 1981).

ANTONÍN DVORÁK (1841-1904), Concerto pour violoncelle n°2 + Martinu : Concerto pour violoncelle n°1
Victor Julien-Laferrière (violoncelle), Orchestre philharmonique royal de Liège, dir. Gergely Madaras
Alpha 731. 2020. 1h07