Tous à l’unisson !

Le fonds de solidarité rivalise de bonnes idées pour soutenir les artistes lyriques.

En 2021, le montant des aides fournies à des artistes en grande difficulté par le fonds Unisson s’élève à 18000 u. Ce dispositif de solidarité mis en place en décembre dernier répond à la mission de l’association créée en mars 2020 pour développer l’aide entre les artistes lyriques et fédérer les musiciens quels que soient leur âge ou leur avancement dans leur carrière. Ce sont au total plus de trois cents chanteurs qui s’entraident aujourd’hui grâce à ce lieu d’échanges où conseils et aides juridiques sont proposés à chacun… Le 16 juin, l’Auditorium de Bordeaux accueillera le deuxième concert du collectif Unisson à l’occasion duquel trente-trois chanteurs se produiront bénévolement dans une programmation variée, de Mozart à Bernstein en passant par Verdi, Offenbach ou Viardot… On y retrouvera Karine Deshayes (photo), Florian Sempey, Nicolas Courjal, ou d’autres noms plus confidentiels : Kevin Amiel, Lise Nougier… L’événement permettra de parrainer dix étudiants du Conservatoire de Bordeaux qui feront leurs premiers pas sur une scène professionnelle en compagnie d’artistes établis. La recette de la billetterie permettra de soutenir les solistes lyriques indépendants et le spectacle d’opéra vivant.

Crédit photo : Aymeric Giraudel

Le concours de chefs

Le 20 avril dernier s’engageaient les épreuves de présélection du cinquante-septième Concours international de jeunes chefs d’orchestre de Besançon à la salle Cortot à Paris. Quatre jours lors desquels soixante et onze candidats ont pu démontrer leurs qualités à la baguette pour prétendre à une présentation au podium qui a révélé Seiji Ozawa en 1959, Michel Plasson en 1962, ou encore Osmo Vänskä en 1982. Les participants ont disposé de quelques minutes à peine pour convaincre un jury bien rodé – la cheffe britannique Catherine Larsen-Maguire et le chef français Jacques Mercier – en dirigeant de profil la transcription pour deux pianos par André Caplet de La Mer et Les Créatures de Prométhée de Beethoven réduites à vue. Attentifs aux moindres mouvements, les pianistes d’une remarquable fraîcheur se sont laissé conduire afin de révéler en toute équité la sensibilité, les tempéraments et intentions de leurs interlocuteurs (250 inscrits en comptant les tours à Paris, Besançon, Pékin, Montréal et Berlin). Rendez-vous à la fin de l’été en Franche Comté pour découvrir la teneur du palmarès !

Comment l’entendez-vous ?

« Toute musique qui ne peint ni ne parle est mauvaise », affirmait Anton Bemetzrieder dans ses Leçons de clavecin et principes d’harmonie publiés en 1771. Ce à quoi Stravinsky rétorquait : « Je considère la musique, par son essence, impuissante à exprimer quoi que ce soit : un sentiment, une attitude, un état psychologique, un phénomène de la nature, etc. » Christian Accaoui dépasse les cent cinquante ans qui séparent ces deux conceptions de la musique pour présenter comment, de l’Antiquité à nos jours, elle fut pensée et entendue. De la fin de la Renaissance à celle du baroque, elle s’assimile essentiellement à un langage que gouverne une rhétorique héritée des anciens. Le musicien, semblable à un orateur, doit convaincre. À partir de la fin du xviiie siècle, l’art des sons se soustrait à l’empire du texte et confie aux seuls instruments la quête de l’indicible, de l’ineffable, du sublime. La maîtrise du sujet, la précision de la réflexion, la richesse de l’argumentation, la hauteur de vue et l’impartialité (la dénonciation du formalisme dans la musicologie contemporaine) du discours ouvrent de vastes horizons aux interprètes comme aux mélomanes. On attend le second tome avec impatience.

La musique parle, la musique peint, Les Voies de l’imitation et de la référence dans l’art des sons, tome I, Histoire, Christian Accaoui, Les Éditions du Conservatoire, 360 p., 22 €.

Planète musique : la chasse aux trésors

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Le « malade » dans tous ses états

À l’origine d’une réédition de la partition du Malade imaginaire, le Centre de musique baroque a produit une série de vidéos immersives dans le monde du spectacle musical de la fin du xviie siècle. Au programme du baccalauréat, l’œuvre est analysée au fil de quatre conversations filmées avec des spécialistes de théâtre, de musique et de danse, complétées par cinq vidéos courtes destinées aux élèves et enseignants. Le projet très documenté fait intervenir des universitaires et spécialistes, notamment William Christie (photo) qui ressuscitait cette comédie-ballet en 1990, au Théâtre du Châtelet, dans une mise en scène de Jean-Marie Villégier.

Crédit photo : librairie Mollat

À travers l’œuvre

Comment travaille un artiste ? Où puise-t-il son inspiration ? Comment construit-on un rôle ou une mise en scène ? La journaliste Sophie Lecerf se penche sur ces questions dans Work(s), un nouveau format de podcasts produits par Cult Media. Dans la première saison, en partenariat avec l’Opéra de Paris, des artistes reviennent sur la création d’une œuvre qui a marqué leur carrière : tandis que la directrice de la danse Aurélie Dupont évoque sa rencontre fondatrice avec la chorégraphe Pina Bausch en 1997 pour Le Sacre du printemps, le ténor Benjamin Bernheim revient sur la production controversée de La Bohème par Claus Guth en 2017, dans laquelle il s’était révélé au grand public en Rodolfo… Tout cela dans un récit dynamique au propos très construit. Une série à ne surtout pas manquer !

En bref

Nouvelles aventures

L’Orchestre symphonique de la NHK vient de nommer Fabio Luisi à sa tête ; il rejoindra l’ensemble tokyoïte à partir de septembre 2022. Le chef italien vient par ailleurs de signer avec Deutsche Grammophon pour enregistrer son premier cycle des symphonies de Nielsen.

Humeurs

« Je ne sais pas qui vous êtes » : feignant l’ignorance en considérant son confrère masqué, Riccardo Muti, vexé de n’avoir pas dirigé le concert de réouverture de la Scala, s’en serait pris ainsi à Riccardo Chailly.

Frise musicale

Les couloirs de la RATP sont désormais égayés d’une installation musicale à la station Opéra. Sur plus d’un kilomètre, des silhouettes de musiciens forment une frise qui trouve son pendant audio au bout d’un QR code à scanner.