Au chœur de l’orchestre de chambre de Paris

Soliste international, chambriste recherché et chef d’orchestre, le pianiste allemand Lars Vogt vient d’être nommé directeur musical de l’Orchestre de chambre de Paris. Une formation qui lui est chère et dont il apprécie la disponibilité et l’engagement.

Dans quel état d’esprit vous trouvez-vous à l’orée de cette nomination à la tête de l’Orchestre de chambre de Paris ?
Je devais prendre mes fonctions à compter du 1er juillet 2020 mais les événements actuels ont fait que la rentrée a été quelque peu décalée. L’OCP ne m’est pas étranger puisque mon premier contact avec les musiciens a eu lieu il y a deux ans dans le Concerto pour piano de Schumann et la Quatrième Symphonie de Beethoven en tant que soliste et chef d’orchestre. Succéder à Douglas Boyd – qui a effectué en cinq ans un travail en profondeur et a renouvelé considérablement l’effectif en le rajeunissant – représente une chance incroyable dont je suis conscient de bénéficier pleinement. Le mode de fonctionnement paritaire de l’Orchestre permet de créer une synergie entre chacun et de susciter une collaboration proche de la musique de chambre à laquelle je tiens beaucoup.

Lars Vogt

Crédit photo : Giorgia Bertazzi

Comment votre brillant parcours de pianiste vous a-t-il conduit ensuite à la direction d’orchestre ?
Je dois à Sir Simon Rattle, que j’ai rencontré pour la première fois au Concours de piano de Leeds où j’ai obtenu un second prix en 1990, de m’avoir poussé dans cette voie quelques années plus tard. Après m’être perfectionné et avoir travaillé la gestique, j’ai été nommé directeur musical du Royal Northern Sinfonia à Newcastle en 2014 ; cela m’a permis d’expérimenter ma conception de la direction d’orchestre et de mieux prendre en compte la relation soliste/chef. J’ai appris à la fois tout ce qui était nécessaire à la connaissance du métier, mais aussi à étudier de près les options historiquement informées sans tomber dans le dogmatisme. Le répertoire de l’OCP offre des possibilités infinies et je continuerai bien sûr d’explorer la musique germanique qui m’est consubstantielle sans pour autant me limiter dans les choix. J’envisage avec cet ensemble de formation Mozart d’une grande flexibilité de prendre des risques et d’établir avec les musiciens une relation de partage.

Quelles sont vos perspectives et comment envisagez-vous cette nouvelle aventure ?
J’aborde cette mission avec le sentiment de participer à une démarche citoyenne, marque de fabrique de l’Orchestre qui s’est engagé dans des actions auprès des personnes en difficulté ou en situation d’exclusion. À l’âge de 28 ans, j’ai créé le Festival de musique de chambre de Spannungen près de Cologne dont la profession de foi était centrée sur le rôle du musicien dans la cité, s’ouvrant aux échanges multiples et aux idées nouvelles. Je chercherai donc à instiller cette manière de voir et de penser tout en me réjouissant d’ores et déjà de vivre à Paris des moments forts sur le plan musical et d’y parfaire mon français.

Propos recueillis par Michel le Naour.