Le classique décontracté
Sous la devise « Un coup de jeune dans le classique », Les Pianissimes promeuvent les pianistes à découvrir durant une saison à Paris et à Lyon. En juin, leur festival à Saint-Germain-au-Mont-d’Or, près de Lyon, est devenu au fil des années un rendez-vous annuel incontournable.
Gaspard Thomas présente avec la violoniste Élise Bertrand et la violoncelliste Stéphanie Huang un programme qui embrasse l’histoire du trio avec piano : Hob. XV : 29 de Haydn, Trio élégiaque n° 1 de Rachmaninov et Trio de Ravel. La « cabane » fabriquée par les membres de l’équipe et des bénévoles du festival projette bien le son de piano mais se montre beaucoup moins adaptée aux cordes, surtout lorsque le jeu est exigeant (les harmoniques chez Ravel). Cela ne fait cependant pas obstacle à la musicalité des artistes qui s’accordent merveilleusement. Le manque de résonance acoustique est en effet largement compensé par la vision globale de Gaspard Thomas, permettant de créer une belle ampleur pour l’ensemble.

Trio Gaspard Thomas

Dana Ciocarlie en quintette
Dana Ciocarlie, l’aînée de cette dix-huitième édition, interprète le Concerto n° 12 K. 414 de Mozart dans une version pour quintette – la pianiste entreprend par ailleurs une série d’enregistrements publics des concertos – et le Quintette op. 44 de Schumann avec le quatuor Wassily. Si Dana Ciocarlie glisse avec délicatesse quelques ornements discrets, elle signe une interprétation franche, au caractère joueur affirmé. Dans Schumann, son compositeur préféré comme elle l’a déclaré devant le public – une intégrale des œuvres pour piano solo chez La Dolce Volta est parue en 2017 –, elle enthousiasme par son jeu dynamique et passionné qui s’autorise quelques libertés, notamment d’agogique (changements de tempo et rubato inattendus).
Le concert final est confié au plus jeune pianiste de cette édition, Hyuk Lee, né en 2000, lauréat de nombreux concours internationaux : premier prix du Concours Paderewski en 2016, le premier prix ex æquo du Concours Long-Thibaud en 2022 et, tout récemment, le Prix Cortot. S’il propose une Sonate K. 310 de Mozart assez cadrée, il entre de plus en plus dans la musique via le Nocturne op. 48 n° 1 puis la Polonaise op. 40 de Chopin.
L’artiste a manifestement plus d’affinité avec la musique romantique. En témoigne la Réminiscence de Don Juan de Liszt appréhendée comme un terrain d’exploration de la théâtralité pianistique. La caractérisation de chaque séquence par de nombreux contrastes révèle son goût pour l’opéra et la dramaturgie. Son énergie communicative et sa virtuosité brillante emportent l’adhésion du public à qui il offre trois bis : la Marche Turque transcrite par Volodos, un Nocturne posthume en do dièse mineur de Chopin et Chopinata de Clément Doucet.
Le concert participatif du samedi matin, ouvert aux amateurs de tout niveau, permet de jouer devant un public bienveillant et amical. Au cours du concert petit-déjeuner du dimanche matin, le duo Pierre-Yves Plat (piano jazz) et Aurélien Lehmann (claquette) adapte librement et ingénieusement Bach, Chopin et Mozart en ragtime et en numéros de claquette, pour un public aussi nombreux qu’enthousiaste et confirme l’ambiance conviviale de cette manifestation.
Festival des Pianissimes, les 16, 17 et 18 juin, à Saint-Germain-au-Mont-d’Or

Hyuk Lee
Crédit photo : John Peters

Concert Jazz
Pour en savoir plus :
- Consulter le site du Festival des Pianissmes.
- (Re)lire notre compte rendu du palmarès du concours Long-Thibaud, édition 2022, remporté par Hyuk Lee.